La minute papillon – Afol pa

Vincent Hoarau, avec les haïgas de Ion Codrescu

Beaucoup d’émotion distillée dans ce petit livret magnifique, écrit par un papa à son enfant. Un partage d’intimité, qui touche le coeur du lecteur comme il se doit, de la naissance…

notre bébé/ endormi dans la neige/ de l’échographie

à l’âge du premier vélo :

une éclaircie !/ papa court derrière/ le petit vélo

Un seul regret : que 16 haïkus (tous traduits en créole). Certes, que la qualité prime sur la quantité est primordial mais, en présence de haïkus agréables, c’est un véritable bonheur d’en avoir un peu plus.

la main sur son ventre/ elle arrose/ les pousses des dahlias

Dominique Chipot, Ploc’ la lettre du haïku n°58, octobre 2012.

D’une fleur à l’autre

Collectif de dix haïjins nés à partir de 1970, sous la direction de Lydia Padellec

Quelle belle idée de publier une anthologie de jeunes haïjins français. Voilà une façon de montrer, comme l’indique Lydia Padellec en préface, que le haïku se transmet. Quand Couchoud, Poncin et Faure publièrent Au fil de l’eau en 1905, ils n’avaient pas 30 ans. Cent ans plus tard, des poètes du même âge pratiquent aussi le haïku en français. Chacun.e raconte comment il, elle a rencontré le petit poème, et Vincent Hoarau parle d’amour à ce propos : « Je suis d’emblée tombé amoureux de cette forme d’écriture simple et dépouillée. » On lira 6 haïkus de 10 auteur.es, donc 60 poèmes, et les bio-biblio de chacun.e. (…) De légères gravures sur bois de Limin CHEN ponctuent la composition de l’ensemble. Une édition qui fera date.

Jean Antonini, GONG Revue francophone de haïku (octobre-décembre 2012 n°37)

D’une fleur à l’autre

Collectif dirigé par Lydia Padellec, avec les gravures sur bois de Limin Chen

Ce « collectif de dix haïjins nés à partir de 1970 » présente six haïkus de chaque auteur : Vincent Hoarau, Cécile Duteil, Stéphane Bataillon, Soizic Michelot, Loïc Eréac, Gwenaëlle Laot, Jean-Baptiste Pedini, Lydia Padellec, Rahmatou Sangotte et Meriem Fresson.

Vincent Hoarau évoque de profonds sentiments (chagrin, plénitude, compassion) :

Labour d’hiver -/ le chagrin a repoussé/ comme le chiendent

Cécile Duteil nous parle essentiellement de dessin ou d’instants citadins :

Esquisses -/ user mes crayons/ au grain de sa peau

A l’inverse, Stéphane Bataillon semble plus proche de la nature :

Soleil du matin./ Elle hésite à quitter la feuille/ la goutte de rosée

Soizic Michelot se concentre sur ses sentiments :

Une vieille blessure/ et la fenêtre/ ouverte

Loïc Eréac préfère confronter les images :

Le moucheron -/ l’oeil qui le suit aussi/ erre sans but

Gwenaëlle Laot nous montre la (sa ?) Bretagne ou s’interroge sur le temps qui passe :

Sur la bande de sable/ les vacanciers se resserrent -/ marée montante

La source d’inspiration de Jean-Baptiste Pedini est essentiellement la nuit :

Cerisiers en fleur/ la nuit noire est constellée/ de petits yeux brillants

Tandis que le coeur de Lydia Padellec s’ouvre pudiquement :

Photo de famille -/ le frémissement des lèvres/ avant le sourire

Rahmatou Sangotte se sent attirée par les corps ou les vêtements :

Ses côtes saillantes -/ dessous, son ventre/ de cinq mois

Meriem Fresson privilégie les faits des hommes :

Hall d’immeuble glacé/ mon nom collé/ près du tien

Dix voix qui se dévoilent en toute sobriété, dans des formes variées, pour notre plus grand plaisir.

Dominique Chipot, Ploc’ la lettre du haïku n°57, septembre 2012

 

Voyage au bout des doigts

Collectif dirigé par Arnaud Delpoux et Lydia Padellec

Au départ, le projet phar:away (du tibétain phar et de l’anglais away qui signifient ailleurs), spectacle interdisciplinaire créé par le musicien Arnaud Delpoux via l’association Plébiscite. Lydia Padellec, active fondatrice et animatrice des éditions de la lune bleue, s’est emparée du projet et réunit dans ce recueil poèmes et images du spectacle, soit 4 artistes plasticiens aux techniques diverses (le collectif KU-U – Ivan Sigg et Eric Meyer – chargé de la couverture, et Valérie Loiseau, Marc Giai-Miniet et Christelle Westphal qui proposent chacun deux œuvres) et 9 poètes d’horizons divers, presque tous déjà au catalogue de la lune bleue* (la Colombienne Myriam Montoya, le Chilien Pablo Poblete, l’Irakien Salah al Hamdani, l’Haïtienne Maggy de Coster, tous vivant en France) et d’autres, Français dont les racines sont ancrées ailleurs – l’Italie pour Mario Urbanet, le Niger pour Monico de Miniac – , ou ici (Hervé Martin, Adeline Mercier et Lydia Padellec elle-même).
Les poèmes quand ils le peuvent sont en version bilingue, ouvrant plus largement le champ du voyage auquel nous sommes invités. Poèmes inédits ou non, le dépaysement est assuré, mais aussi le temps de la réflexion sur l’état du monde, entre folklore et déracinement, exil et tourisme, entre le regret du bruit du vent dans le baobab (Monico de Miniac) et la mort peut-être / sur ces chemins perdus (Myriam Montoya)qui mènent au monastère syrien de Mar Mousa ; entre la piazzetta aussi chaud qu’un four de pizzaiolo(Mario Urbanet) et l’adresse du maçon clandestin à la France (J’ai appris à ne jamais avoir froid !) transmise par Pablo Poblete.
Une anthologie de belle facture, qui a fait le choix de la couleur, de l’intelligence et de l’élégance.

Collectif de poètes, musiciens et plasticiens dirigé par Arnaud Delpoux et Lydia Padellec, coédition Plébiscite et éditions de la Lune bleue, 2012, 64 pages, 14×20, 13 €, http://editionslunebleue.comhttp://pharawaymusic.fr

* Une manière de marquer les 2 ans d’existence de cette micro maison d’édition qui publie par ailleurs d’élégants recueils de peu de pages (12) et de petit format(10,5×14,5) dont, récemment, Marc Delouze (L’homme qui fermait les yeux, avec des aquarelles de Marc Giai-Miniet) et l’Allemande Eva-Maria Berg en version bilingue (Cloison à coulisse).

Jacques Fournier, sur le blog : http://www.biblioblog.sqy.fr/ici-e-la/, le 19 avril 2012

L’arbre debout

Daniel Py, avec les gravures de Vincent Rougier

éditions de la Lune bleue, septembre 2011

N’est-il pas intéressant de lire des poèmes plus longs d’un auteur dont on connaît les brefs, ou haïkus ? Oui, il est des haïjins qui peuvent échapper au genre :

vert tapis de paillettes sur l’eau

où dort un seau cassé

gît la mousse des heures

à chaque instant

mâche longuement

quelque tendresse

Ah ! Se vautrer dans la métaphore ! Les gravures de Vincent Rougier sont étranges, comme racines colorées qui traversent l’obscurité.

Jean Antonini, GONG, revue francophone de haïku (janvier-mars 2012, n°34)

Le ciel si pâle

Jeanne Painchaud, avec les katagamis sur photo d’Ivan Sigg

Presque seul

souper

avec la nouvelle lune

Ces haïkus sont d’une légèreté pleine d’amour blessé qu’on ne se lasse pas de relire. Quant aux katagamis d’Ivan Sigg, ils sont à la fois simples, primitifs et complexes.

Jean Antonini, GONG, revue francophone de haïku (janvier-mars 2012, n°34)

 

Le ciel si pâle

Jeanne Painchaud, avec les katagamis sur photo d’Ivan Sigg

Editions de la Lune bleue, septembre 2011

Un livre d’artistes de petit format bien agréable où œuvres plastiques et littéraires se côtoient sans se nuire sur un papier aux fibres sensibles sous les doigts.

Jeanne Painchaud a joué la carte de la variété. Dans une forme libre, adaptée aux circonstances, elle partage, en une quinzaine de haïkus, quelques instants de son existence : ses doutes, ses pleurs, ses rires ou ses espoirs.

lune pleine

poches vides

des soirs comme ça

un livre déjà épuisé. Rien d’étonnant !

Dominique Chipot, Ploc’ La lettre du haïku  n°50, décembre 2011

Mon amour mes horizons

Maximine, avec les images de Motoko Tachikawa

Editions de la Lune bleue, septembre 2010

« Combien de fois ai-je lu et relu Mon amour mes horizons ? Ces vers, je les sais par coeur, et jamais cette expression ne m’a paru plus juste. Comme c’est le coeur qui parle en eux, ils chantent. Ils chantent merveilleusement. Ils le font d’autant mieux que ce petit livre à la Lune bleue est porté, illustré, réalisé dans les moindres détails, avec ferveur. Il n’est pas possible de le ranger déjà dans la bibliothèque, même à côté de tes autres livres : je le regarde, je le feuillette pour le plaisir des yeux. »

Extrait d’une lettre du poète Pierre Dhainaut à Maximine, le 7 novembre 2011

Boussole du jour

Boussole du jour / brujula del dia de Myriam Montoya
Editions de la Lune bleue, juin 2010

Un petit livre de désarroi et de quête des repères. D’interrogations qui cherchent à calmer l’inquiétude. Ce petit livre cousu de quatorze pages nous donne à découvrir une belle osmose entre les quatre poèmes (en espagnol et en français) de Myriam et les quatre encres inscrites dans un ovale de Lydia.

Alain Boudet, site « La Toile de l’Un », Promenoir de poésie contemporaine

Au plateau des Glières

Hervé Martin, éditions de la Lune Bleue
septembre 2010, 16 pages

D’un périple cultuel – mais au sens païen du terme – Hervé Martin ramène un texte aussi bref qu’intense. Il est souligné par les gravures d’ombres (superbes) de Valérie Loiseau qui n’est pas n’importe qui.
L’ensemble s’inscrit sous l’égide de la phrase de Scutenaire « L’avenir n’existe qu’au présent».
Cela n’est pas anodin. Et dans une période de dilution, Hervé Martin fait œuvre de résistance en rameutant d’autres résistants qu’ils ramènent au présent pour l’avenir:
Vous les braves / Je vous revois vivants, écrit le poète après avoir mis ses pas dans ceux d’illustres anciens – gamins pour la plupart – qui donnent encore aujourd’hui et plus que jamais une belle leçon de courage.

Ce texte et d’autant plus puissant qu’il ne se veut pas simplement mémoriel. Répétons-le : il est écrit au présent pour le présent dans une sorte d’intensité particulière. Cela semble surgir de la manière la plus simple, franche, quasi instinctive. Mais qui connaît un peu Hervé Martin sait combien cette intensité d’abord jetée sur le papier est le fruit d’un long travail de reprise.
Il donne toute sa résonance à ce joyau d’injonctions. Et c’est pourquoi avec Martin et ses ombres il nous est possible de marcher comme l’écrit le poète : Sous le vide du ciel et dans ce souvenir qui dépasse mon temps. Ce temps est le nôtre. Le créateur lui donne une intensité vibrante par l’économie même des mots, des images, du silence. Notre liberté d’aujourd’hui fut payée par ceux qui ne refusèrent pas la lutte.
L’hommage particulier que leur octroie Martin vaut bien plus que tant de longs laïus.

Jean-Paul Gavard-Perret, site de la maison de la poésie de St Quentin-en-Yvelines